Maisons d’hôte, gîtes ruraux: Un créneau dans le flou touristique
La liste s’allonge et l’offre s’y perd déjà
Par Amel Djait Belkaid
Depuis plus d’une dizaine d’années, la mode du tourisme chez l’habitant règne dans le bassin sud de la Méditerranée. Bien qu’emprunté au traditionnel «bed & breakfast» anglais, la Grèce, la France, l’Italie, et surtout le Maroc se sont pris de passion pour ce tourisme de niche.
Longtemps restée à la traîne, la Tunisie semble se prendre de passion pour ce nouveau créneau. Des gîtes ruraux s’apprêtent à ouvrir à Zaghouan et à Béja. Au Kef, une structure en exploitation se redéfinit en ferme d’hôtes. De somptueuses maisons se reconvertissent en maison d’hôtes. De célèbres Menzel et Palais ont déjà accueillis des personnalités et des têtes couronnées en à peine un an d’exercice.
Au fur et à mesure, je suis surprise par un chiffre en hausse. En chantier, en pré-ouverture, attendant des autorisations qui n’arrivent pas, ouvert-fermé, en activité depuis des années… L’état des lieux démontre une solide différence entre des projets à part entière (étudiés, où l’on investit beaucoup d’argent et de temps) et d’autres improvisations rarement heureuses, où règne une confusion somme toute déroutante.
La dynamique semble en marche. Les concepts se juxtaposent déversant dans la grande famille du tourisme culturel ou alternatif, par opposition au tourisme balnéaire qui colle à l’image de la Tunisie jusqu’à l’étouffement.
Chambres dans appartements de ville, couples mixtes ou retraités offrant hébergement dans maison avec piscine, chambre dans palais du 17ème, ferme agricole, riad dans palmeraie, traditionnel palais dans la médina, maison d’hôtes dans «Agritourisme», «gîte d’étape», «écotourisme», «tourisme vert», table d’hôtes à Tozeur, Djerba, Hammamet, Nafta, mais aussi à Bizerte, Gabès, Korba, Kélibia, Sounine, Kairouan, La Soukra, el Menzah, Rades, …
Les régions s‘activent et se convertissent à une formule qui séduit.
Internet est le grand refuge de cette formule dans le monde. La Tunisie n’y échappe pas. Via de grands portails, la formule flirte avec les locations saisonnières, leurs agences et portails et l’on recense jusqu’à 35 offres.
Chiffre surprenant pour les uns, chiffre alarmant pour d’autres. Au vu de ce que l’on peut y trouver, le pire côtoie déjà le meilleur. Mal présenté, approximativement assimilé, «c’est mettre leur propriété secondaire à la location avec les services d’un gardien et sa femme» commencent à grincer certains. Et «c’est précisément ce que l’on veut éviter», déclare M. Fayçal Jebali en charge de ce dossier à la direction du produit à l’ONTT.
Les offres sur le net sont riches en informations, agrémentées de photos amateurs. Des efforts sont fournis pour la décoration et l’agencement des espaces. Les prix varient de 25 -250 dinars la chambre avec le petit-déjeuner, en fonction du standing.
Sur le terrain, les beaux projets sont nichés dans des endroits historiquement chargés ou naturellement exceptionnels, non loin de sites archéologique ou de centres de curiosités. Ils racontent une histoire, celle d’une passion que l’on porte à un endroit, et le besoin de le partager pour le rentabiliser ou simplement le garder.
A lieu original, démarche insolite: chacun y va du sien (ballade en calèche maltaise, ateliers cuisines, danse poterie ou tissage, soirée astronomie…). La course est ouverte aux idées innovantes. Les programmes intelligents surpassent l’attente des clients souvent surpris, et rapidement séduits. Le manque d’infrastructures est vite absorbé, et l’on oublie que l’environnement est limité autour.
Les promoteurs se voient obligés de penser à tout (tables d’hôtes, excursions, activités, hébergement…) et finissent par imposer un produit fini. Un produit fort, orienté famille, découverte, sport. Un tourisme de proximité convivial et intelligent.
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