G8 VERS UNE ANNULATION DE LA DETTE PUBLIQUE
En termes de
dette brute et nonobstant
la dette publique intérieure qui représente 35% du montant global des engagements de l’Etat et des institutions publiques
la dette publique extérieure tunisienne est évaluée à 15,640 milliards de dinars soit 47,2 % du PIB. Elle devrait passer à 48% du PIB d’ici 2011 ce qui maintient la Tunisie dans la catégorie 'BBB' selon une agence de rating internationale Standard & Poor’s. Alors que l’objectif du gouvernement, clairement annoncé, par ailleurs, est de la réduire en deçà de 40% comme objectif global (sans date précise). Disons qu’on est encore trop loin de l’Egypte 80,10% de la Grèce 113,40% ou du Zimbabwe 282,60% !
Par contre la
dette nette tient compte des actifs financiers et physiques de l’Etat (patrimoine public) qui sont plus ou moins difficiles à chiffrer. Par conséquent, le ratio de la dette par rapport au PIB sera réduit drastiquement.
La Tunisie avait prévu d'emprunter environ 3,8 milliards de dinars (1,970 milliard d'euros) en 2011 afin de combler son déficit budgétaire et rembourser 2,3 milliards de dinars de dette publique en s’adressant aux bailleurs de fonds traditionnels notamment la Banque Mondiale de Reconstruction et de Développement (BIRD) la Banque Africaine de Développement (BAD) et l’AFD (Agence Française de Développement) offrant des décaissements rapides.
Le crédit d’un million de dollars annoncé par la Banque Mondiale est en principe destiné à résorber le déficit public Recettes publiques 9,626 milliards (2009) moins Dépenses publiques 10,990 milliards (2009).
Même le programme de privatisation lancé à l’instigation du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale durant les 22 dernières années (217 entreprises publiques ou semi-publiques) n’ont rapporté au trésor public que 6,013 milliards de dinars soit seulement deux années de service de la dette !
Le respect du calendrier est jugé par les analystes financiers internationaux comme un signe de bonne gouvernance, après le 14 janvier, et de bonne santé financière de la Tunisie au moment même où certaines voix tunisiennes et étrangères s’élèvent pour appeler à négocier un rééchelonnement de la dette publique extérieure voir un non-paiement partiel ou total. Ils reprochent au gouverneur de la BCT de s’acquitter le mois d’avril de la somme de 450 millions d’euros (930 millions de dinars). La deuxième échéance, fixée au mois de septembre prochain, et s’agissant d’un crédit japonais Samouraï, porte sur l’équivalent de 253 MD.
D’autres vont plus loin en exigeant un audit sur les crédits étrangers qu’ils qualifient d’odieux. La doctrine de
la dette odieuse est un élément de jurisprudence internationale établi, applicable à toute dette résultant d'emprunts accordés à des gouvernements despotiques ou illégitimes qui utilisent les fonds à des fins d'oppression des citoyens ou d'enrichissement personnel. Les défenseurs de l'annulation de ce type de dette considèrent en outre que ces fonds ont été prêtés de manière irresponsable. Quelques exemples de pays pour lesquels les créanciers ont refusé de reconnaître le caractère odieux de la dette sont l'Afrique du Sud, qui a pourtant connu l'apartheid,et la République démocratique du Congo, qui a subi la dictature de Mobutu Sese Seko
Plus de quatre mois après avoir chassé le président Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie, toujours à la recherche de sa stabilité politique a besoin plus que jamais de mobiliser toutes ses ressources financières pour relancer les secteurs clés de l’économie nationale (tourisme, industrie, agriculture et services) combattre l'extrême pauvreté dans les régions défavorisées, indemniser les chômeurs et améliorer la situation matérielle des salariés. Elle a un besoin impérieux d'un soutien économique et financier mondial immédiat
Je pense que le G8 regroupant les huit pays les plus puissants de la planète (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada et Russie) qui se tiendra demain 26 mai à Deauville (France) a déjà diagnostiqué le dossier des pionniers du printemps arabe (Egypte et Tunisie) va certainement apporter un remède efficace
mais contraignant moyennant fonds européen structurels. Je pense qu’ils vont aller jusqu’à l’annulation d’une partie de la dette publique. Ils l’ont déjà fait en 2005 pour dix-huit pays d'Afrique et d'Amérique du Sud (Bénin, Bolivie, Burkina Faso, Ethiopie, Ghana, Guyana, Honduras, Madagascar, Mali, Mauritanie, Mozambique, Nicaragua, Niger, Rwanda, Sénégal, Tanzanie, Ouganda et Zambie dont la dette a été épongée à 100%. Actuellement l’enjeu est beaucoup plus important. Il s’agit de soutenir deux démocraties naissantes.
Mais la générosité internationale pourrait ne pas suffire pour sortir durablement de l’impasse. Il faut se remettre au travail tout simplement.