En feuilletant un quotidien tunisien respectable, je me suis rendu compte de l’insuffisance du mouvement culturel au service des maîtres de la plume arabe dans le monde. Je crois sincèrement qu’un effort sérieux pour faire connaître les chevaliers de la rime serait de bon aloi.
La seule condition est de maîtriser les langues étrangères avec la conviction que ces êtres exceptionnels méritent de notre part des sacrifices, plutôt des devoirs et un droit à la célébrité. Je cite, à ce propos, quelques spécialistes de la poésie populaire dont nous sommes tous fiers : Bayrem Ettounsi, Abderrahmane El Abnoudi, Salah Abdessabour, Ahmed F. Najem,…Omar El Fara. Pourquoi ne pas traduire leurs beaux poèmes ?
Je suis convaincu qu’une tâche pareille n’est pas difficile devant certaines plumes tunisiennes et arabes qui pourraient familiariser les autres peuples avec une poésie très riche à tous les niveaux.
Si j’insiste sur ce sujet, c’est parce qu’on raffole de ces poèmes profonds et très bien travaillés et que ces poètes sont sincères au point d’évoquer parfois leurs erreurs sans aucune honte et de rendre à César son dû sans tricher, ni faire semblant de gagner la sympathie d’autrui. En outre je trouve extraordinaire que A. Al Abnoudi estime Nasser même s’il avait refusé sa politique à l’époque : quelle modestie ! Quelle clairvoyance !
Comment laisser tomber le grand labeur de ces maîtres ?
Quand je lis le poème de A.F. Najem »Baladi Wahabibti » (Ma patrie et mon amante), je ne pux que dire « bravo » en arabe, en français et même en Chinois. C’est un chef d’œuvre qui ne s’inscrit pas deux fois. Il en est de même d’autres de B. Ettounsi…
Cela dit, beaucoup de penseurs arabes ont traduits des poèmes même de l’Amérique latine et ont écrit des œuvres, en arabe, pour rendre célèbre P. Neruda…L’inverse n’est-il pas possible ? Se limiter à Nejib Mahfoudh est trop insuffisant.
Traduire des poèmes dans toutes les langues est le devoir des docteurs es-lettres et de tous ceux qui en ont la compétence. J’aurais voulu l’avoir pour démontrer ma gratitude à cette nation souvent dénigrée pour des raisons connues. Chez nous, il y a des trésors à exposer au monde, il suffit de faire le premier pas.
Mohamed GHANNEM-Kairouan-Tunis-hebdo du 27.08 au 02.09.2007