Tunisie ya Tunisie...M3ak RABBI w Ennibi...

Assalamou alaykom,

L'université de Shanghai publie chaque année son célèbre rapport des 500 meilleures universités au monde (inutile de vous dire qu'aucune université tunisienne n'y figure). Elle publie en parallèle d'autres classements par régions et par continents. Ainsi, à la fin du mois de décembre dernier, l'on a publié le classement des 100 meilleures universités africaines. Et vous savez quoi? Il y avait seulement 2 universités tunisiennes :
- L'université virtuelle de Tunis (à la 49ème place)
- L'école supérieure des communications de Tunis (école privée à la 99ème place).

Mais où sont passées les facultés de médecine de Tunis, Sousse, Monastir, Sfax, l'ENIT, l'IHEC, l'IPEST, l'école polytechnique de la Marsa, les écoles préparatoires...? Où est passé tout ce beau monde? Comment se fait-il que nos universités, qui étaient dans un passé pas très lointain, le fleuron de universités africaines et arabes, aient connues une telle débâcle en aussi peu de temps?

J'ajouterai que ce rapport fait également ressortir les éléments suivants:
- Le haut du tableau est occupé par les universités sud-africaines et, dans une moindre mesure, les universités égyptiennes.
- L'Algérie compte 11 universités dans ce classement.
- Le Maroc en compte 12.
- Le Sénégal, dont beaucoup d'étudiants venaient en Tunisie pour poursuivre leurs études supérieures, a une université placée à la 18ème position (Université de Dakar).
- Quant au classement arabe, la position maghrébine reproduit les mêmes caractéristiques. Algérie et Maroc sur un pied d’égalité avec un peu moins d’une dizaine d’universités retenues. La Tunisie (seulement deux) est loin derrière. L’ensemble du top arabe est dominé par l’Arabie saoudite (qui s’octroie les 5 premières places) et l’Egypte (6e et 8e sur les dix premières).

Bon, c'est pas tout là, mais je dois vous laisser là. J'ai d'autres trucs bien plus importants à faire que l'enseignement supérieur et l'avenir de nos enfants. Je dois regarder le match de football de la Tunisie car notre équipe nationale est en train de défendre notre DIGNITÉ. Je ne sais pas si vous le savez encore ou pas, mais de nos jours, les dignités des nations arabes se défendent sur les terrains de foot et pas dans les universités...

Tunisie ya Tunisie...M3ak RABBI w Ennibi...

Joli clin d'œil, l'enseignement supérieur est aussi victime de l'arbitrage (dans ce rapport) sinon pourquoi on nous acceptent dans les universités étrangères quand on a un diplôme tunisien ?

Shbayeh a écrit:

Joli clin d'œil, l'enseignement supérieur est aussi victime de l'arbitrage (dans ce rapport) sinon pourquoi on nous acceptent dans les universités étrangères quand on a un diplôme tunisien ?

Assalamou alaykom,

Yezzina 3ad Shbayeh!!! Mais pourquoi faut-il toujours qu'on s'en prenne à l'arbitrage? Dans ce rapport, l'arbitre est chinois, donc inutile de parler de mauvaise foi, de coups bas contre notre pays ou de "critiques destructives". Et si tu étais en train de parler du match de foot, le tant redouté Kofi KODJA a donné une prestation impeccable et a même fermé les yeux sur un penalty en faveur du Gabon en toute fin de partie . Alors pour une fois l'arbitrage était plus que correct avec nous.

Sinon, et pour être sérieux, la situation désastreuse dont se trouve notre université n'est que la conséquence logique des réformes "bizarres" et catastrophiques qui ont tout chambardé depuis l'école de base en passant par l'enseignement secondaire. Et le résultat est bien visible dans nos universités surchargées et qui ne peuvent plus garantir des conditions décentes aussi bien pour l'enseignement que pour la recherche.
Maintenant, concernant ta remarque sur les universités étrangères, permets moi, cher ami, de te rappeler qu'on peut intégrer les plus célèbres et prestigieuses universités occidentales du moment qu'on peut financer les frais d'inscriptions (qui varient de quelques milliers de dollars ou d'euros à des dizaines de milliers par an selon le statu de l'université en question) et ce même si l'étudiant a été un cancre par le passé. Alors cela ne vaut aucunement dire que le niveau de nos étudiants s'est amélioré. Bien au contraire. Les statistiques montrent que les universités américaines accordent plus de bourses (pour les bons éléments) aux étudiants indiens, chinois et vietnamiens qu'aux étudiants arabes.

Mais de toute façon, on n'en a rien à cirer de l'enseignement supérieur, ni du classement de Shanghai. Nous, ce qui compte le plus, c'est le classement de la Fifa. Et oui, chez nous, un seul footballeur compte plus que les chercheurs et universitaires du monde entier et passe à la télé bien plus que tous les ministres réunis. Au diable l'enseignement et la recherche.

"و كيما قالو ناس قبل "إلّي قراو ماتوا

Assalamou alaykom,

Et voilà. Ce qui devait arriver est arrivé. Nous sommes écartés de la CAN dès le premier tour et en occupant, en plus, la dernière place de notre poule. En fin de compte nous avons été malmenés sur le plan africain et du côté de l'enseignement supérieur et du côté du foot.
Après le match, j'ai essayé de faire une petite analyse comparative entre l'enseignement supérieur en Tunisie et celui au Maroc. A première vue, la comparaison montrait que nos universités et les leurs se ressemblaient. Mais en poussant l'analyse plus loin, j'ai trouvé qu'il y avait bel et bien une différence de taille au niveau du secteur de la recherche (et non pas de l'enseignement). Les universités marocaines ont pu, durant ces derniers temps, développer une masse de recherche plus importante que leurs paires tunisiennes. Et vous savez pourquoi? Parce que, là bas, au Maroc ils ont fait le choix d'encourager les enseignants et les chercheurs en leur offrant des primes supplémentaires chaque fois qu'ils publiaient un travail de recherche ou faisaient un travail d'encadrement. Ainsi, on poussait tout le monde à fournir plus d'efforts et à ne plus se contenter des 6 à 9 heurs d'enseignement par semaine. Vous voulez la preuve? Vous allez être servis .

- En Tunisie, un chercheur universitaire ne perçoit aucune prime au cas où il arrive à publier un article dans un journal scientifique de renommée (on ne lui verse rien de rien, même pas une petite carte de recharge de 10 dinars de chez Tunisiana ou Telecom). De même les travaux d'encadrement sont trop mal payés. Moralité de l'histoire. Personne n'a intérêt à fournir un effort de plus, et le salaire variera généralement entre 1200 et 1600 dinars par mois, selon les grades.

- Au Maroc, un enseignant, sans travaux de recherche ni encadrement, touche en moyenne un salaire mensuel (après conversion) qui varie entre 1500 et 2000 dinars. Mais supposons que notre cher enseignant marocain décide un beau jour de faire quelque chose en plus (travaux de recherches et encadrements). Là son salaire va pouvoir atteindre les 5.000 dinars par mois. Non mais vous vous rendez compte du bond? Voilà ce que fait un pays comme le Maroc, relativement plus pauvre que la Tunisie, pour relancer l'enseignement et la recherche.

Alors, en fin de compte, je trouve qu'il n'est pas si compliqué que ça de comprendre le net recul de nos universités tunisiennes du moment qu'on met les paresseux et les bosseurs sur un même pied d'égalité (au meilleurs des cas, les chercheurs qui travaillent d'arrache pied vont pouvoir, après plusieurs années de labeur, toucher seulement 300 à 400 dinars de plus que leurs collègues paresseux). Franchement ça vaut pas la peine surtout lorsqu'on voit des millions de dinars et des centaines d'heures de couverture médiatique qu'on accorde à des joueurs qui n'ont même pas leur BAC et qu'on veut nous faire croire qu'ils sont en train de défendre notre DIGNITÉ. Après tout cela, mesdames et messieurs, ne vous étonnez plus du désintérêt de nos enfants pour les études au profit de ses nouveaux "héros" : KORBI et compagnie.