Le nombre des étrangers ayant combiné soins médicaux et séjours de convalescence dans les complexes touristiques tunisiens a triplé entre 2004 et 2007. Le secret : des tarifs de 40 à 70% moins chers que ceux pratiqués dans les pays occidentaux pour une même qualité.
Le tourisme médical fait son chemin en Tunisie. La première unité « offshore » spécialisée dans la chirurgie cardio-vasculaire est en chantier près de Tunis sous la direction d'un cardiologue tunisien de renom et deux autres cliniques multidisciplinaires sont à l'étude avec la contribution de capitaux étrangers, français notamment.
En janvier dernier, le groupe hospitalier nippon Tokyshuka Medical Corporation a annoncé la création du premier hôpital privé en Tunisie pour améliorer l’offre locale en matière de tourisme de santé pour un investissement de 55 millions de dollars alors que le groupe émirati Al Maâbar prévoit la réalisation d’une cité médicale à l’Ariana, au nord de Tunis, dans le cadre d’un méga-projet immobilier d’ici 2015.
Forte progression
Le nombre des patients étrangers ayant couplé soins médicaux et séjours de convalescence dans des hôtels de luxe en Tunisie est passé d’environ 50 000 en 2004 à plus de 150 000 en 2007, selon la chambre nationale des cliniques privées relevant de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA, organisation patronale).
Près de 70% de ces patients sont originaires des autres pays du Maghreb, notamment la Libye et l’Algérie. L’Europe vient en deuxième position avec environ 12% des visiteurs suivis par les pays d’Afrique subsaharienne comme le Mali, la Côte d’Ivoire et le Bénin.
Les recettes des soins médicaux dispensés aux étrangers ont atteint 55 millions de dinars en 2006, en hausse de 22,2% par rapport à 2005, selon le dernier rapport de la Banque Centrale de Tunisie (BCT). La moyenne de dépenses de chaque patient est de 4000 euros par semaine contre 300 euros seulement pour un touriste ordinaire.
Tarifs avantageux
Dans le sillage de l’augmentation continue du nombre des patients étrangers, des agences spécialisées dans le tourisme médical dont EstetiKa Tour, Cosmética Travel et Tourism and Health In Tunisia ont essaimé. Ces agences mettent en avant la compétitivité des tarifs pratiqués en Tunisie. Pour le même résultat, une intervention à coeur ouvert revient à moitié prix qu'en Europe, soit 10 000 dinars (5500 euros). Un lifting cervico-facial coûte 3200 euros contre plus de 5000 en France. Les coûts des prothèses dentaires et de la chirurgie ophtalmologique sont également sans commune mesure avec l'Europe. « Les tarifs sont de 40 à 70% moins chers que ceux pratiqués dans les pays occidentaux. La Tunisie a exonéré, depuis 2005, les soins dispensés aux étrangers de 6%, le taux de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) appliquée sur ce genre de prestations pour devenir une destination médicale mondialement reconnue à l’instar de la Thaïlande et de l’Inde »,
indique-t-on au Ministère de la santé publique.
En plus des tarifs avantageux, l’essor du tourisme médical s’explique par la compétence des médecins tunisiens et une infrastructure de qualité.
La Tunisie compte actuellement près de 99 cliniques privées d’une capacité totale de 2600 lits, 4876 cabinets médicaux de libre pratique et 222 laboratoires d’analyses biologiques.
Le nombre des médecins, formés pour la plupart en Europe et aux Etats-Unis, a atteint 10 500, dont près de la moitié exercent dans le secteur privé.
Un danger guette toutefois ce créneau porteur : l’apparition d’intrus qui ont été à l‘origine de certains ratages très médiatisés, notamment dans le domaine de la chirurgie esthétique.
« Les Tunisiens ont beaucoup investi dans l'infrastructure médicale et veulent tirer le meilleur profit d'une délocalisation des soins », note le directeur d’une clinique ayant pignon sur rue à Hammamet.
Un danger guette toutefois ce créneau porteur : l’apparition d’intrus qui ont été à l’origine de certains ratages très médiatisés, notamment dans le domaine de la chirurgie esthétique. Jusqu’en 2004, deux agences seulement proposaient des forfaits combinant chirugie esthétique et séjours dans les hôtels de luxe. Aujourd’hui, on compte plus d’une dizaine d’agences liées par des conventions avec des cliniques offrant tous genres de soins. Du coup, l’Etat vient d’adopter un cahier des charges définissant les conditions d’ouverture d’agences de voyages spécialisées dans le tourisme de santé alors que celui concernant les prestation de soins destinés aux étrangers est en cours d’élaboration au Minstère de la santé publique.
Source: lesafriques