Rencontre avec Aousset Ayari

Rencontre avec le savant tunisien Mohamed El Aousset Ayari
Le nouveau concept d’observation d’el hilal est «fiable et transparent»
L’Association des mathématiques et applications (AMA) a organisé le 30 juin, à Kairouan, un colloque scientifique autour du thème «El Chaahad, un nouveau concept d’observation d’el hilal» dont les travaux ont été ouverts par M. Yassine Barbouche, gouverneur de Kairouan.

Un grand nombre d’universitaires, d’ONG, de chercheurs, d’étudiants, d’experts en astronomie et de responsables politiques dont Rachid Grir, directeur général de la recherche scientifique au ministère de l’Enseignement supérieur, et Mohamed Ali Drissa, président de l’Université de Kairouan, ont assisté à cette rencontre dont l’invité d’honneur était le savant tunisien Mohamed El Aousset Ayari, enseignant-chercheur à l’université du Colorado, consultant auprès de la Nasa et qui a développé plusieurs théories dans la technologie de pointe.
Ce savant, volontaire et affable, a acquis une grande notoriété internationale, notamment au Canada et aux USA où des articles dans des journaux et des revues spécialisées lui ont été souvent consacrés.
A Kairouan donc où il était accompagné de plusieurs chercheurs américains, canadiens, saoudiens, français et libyens faisant partie de l’équipe qu’il supervise et qui travaille depuis plus de trois ans sur son invention portant sur un système utilisant un télescope électronique qui permet de détecter et d’observer le croissant lunaire, le Dr Ayari a donné une conférence accompagnée d’une projection documentaire relative à El Chaahad, cet instrument conçu exclusivement pour vérifier l’observation du hilal à l’aide de la technologie: «Il est aussi conçu pour satisfaire les exigences des observations traditionnelles basées sur l’œil nu tout en tenant compte des prédictions astronomiques et par conséquent il est compatible avec toutes les problématiques concernant l’observation du hilal. En outre, le centre de contrôle ainsi que les stations d’observation peuvent être utilisés durant toute l’année pour des activités touristiques et éducationnelles. Et les images du hilal recueillies de différents pays peuvent être communiquées aux ordinateurs personnels à travers l’internet et les stations de télévision…», devait dire en substance le Dr Ayari, longuement applaudi par tous les participants qui n’ont pas hésité à lui poser des questions pertinentes.

Deux unités
d’observation
A la fin des travaux de ce colloque, nous l’avons contacté pour qu’il nous donne plus de précisions sur sa nouvelle invention qui permettra aux musulmans à travers le monde d’entamer le mois de Ramadan le même jour : «on espère que dans une vingtaine de mois, on sera en mesure de mettre au point un programme de déplacement de ce nouveau système d’observation. On va commencer par des pays qui sont partie prenante de ce projet, à savoir la Tunisie, les USA, le Canada, l’Arabie Saoudite et la Libye qui auront leur propre point d’observation concernant ce nouveau concept.
Pour le futur immédiat, on est en train de préparer deux unités d’observation qu’on va déployer en Tunisie et au Canada pour faire des tests de systèmes simulés et on va voir si c’est possible de finir le test avant le mois de Ramadan de cette année (1429). Nous avons donc une trentaine de jours pour travailler dans ce sens. Cela ne nous empêchera pas de continuer dans le sens principal afin de le mettre au point et de l’introduire dans le monde entier.
D’ailleurs, au cours d’un congrès international qui aura lieu cette année, on va inviter tous les acteurs des différents pays et exerçant dans le domaine technique, administratif et scientifique pour voir l’ampleur de leur contribution et pour mettre à exécution les neuf recommandations du colloque organisé du 23 au 25 juin 2008 à Marseille.
En fait, nous, on représente le côté technique et nos ingénieurs mettent au point tout le matériel nécessaire. Et puis d’autres institutions plus engagées dans le domaine éducatif et religieux vont prendre en charge le projet et le gérer. Le système est transparent et tout le monde peut le comprendre car il n’y a rien à cacher.
Concernant son utilité et en plus de la détection du croissant lunaire, on pourra l’utiliser dans le domaine de l’environnement, surtout en ce qui concerne la lutte contre la désertification. Il sera un moyen pour calibrer le déplacement de la matière sableuse qui envahit les terres agricoles et pour, par la suite, avoir une perspective analytique et prendre des décisions basées sur des données et des mesures exactes.
Par ailleurs, on pourra l’utiliser dans le cas de la médecine à distance. Le système est donc polyvalent...»
Somme toute, ce fut un colloque intéressant qui a permis de mieux faire connaissance avec ce docteur en génie mécanique de 48 ans, épanoui et qui illumine par sa seule présence, sans oublier ses nombreux travaux qui ne cessent d’enrichir la recherche et le développement, et ce, grâce à sa persévérance, à sa passion pour le travail et à son sérieux.
Fatma Zaghouani

Lapresse 9/07/2008